Alors que les bruits de bottes résonnent de plus en plus à l’Est, tous les pays européens réfléchissent à réintroduire le service militaire. Emmanuel Macron a annoncé en cette fin d’année qu’un service réellement « militaire » mais volontaire sera proposé aux jeunes Françaises et Français dès janvier 2026. La Suisse, pays connu pour sa neutralité, ne compte pas rester sur la touche et désire désormais que tous les détenteurs de la nationalité suisse réalisent leur service militaire. Il peut être exécuté dans un autre pays dont on détient la nationalité, à condition que ce soit un dispositif similaire à celui mis en place en Suisse. Vous l’aurez compris, la Journée de Défense, dont de nombreux jeunes expatriés sont, en plus, exemptés, ne suffira plus. Qu’ils soient suisses ou français, les binationaux Franco-Suisses devront servir sous les drapeaux. On fait le point pour les expatriés.
Pas de « pseudos » services militaires
Le parlement national suisse a adopté mercredi 10 décembre, dans une version amendée, une motion du Conseil des États pour empêcher les binationaux de contourner moins facilement les obligations militaires suisses.
Dans son texte, le conseiller aux États Mauro Poggia (MCG/GE) ciblait les Franco-suisses, en demandant qu’il ne leur soit plus possible de se soustraire à leurs obligations militaires en Suisse en participant à la « Journée défense et citoyenneté » en France. La Chambre du peuple suisse est allée plus loin : tous les doubles nationaux suisses ne doivent plus pouvoir remplacer le service militaire en Suisse par un « pseudo-service » dans le deuxième pays d’origine.
En prenant le texte à la lettre, les jeunes Français devront donc choisir entre un service militaire volontaire en France ou celui obligatoire en Suisse, mais sur les rives du lac Léman, il y a toujours une possibilité de « s’arranger » !
Tout se négocie en Suisse
Ainsi, pour être reconnu, le service militaire accompli par les doubles nationaux suisses à l’étranger doit être comparable à celui effectué en Suisse. Mais, les personnes concernées peuvent décider de payer une taxe d’exemption de l’obligation de servir en Suisse.
Pour autant, si le texte a été adopté par la chambre nationale suisse. Celle-ci devra se prononcer à nouveau car le Conseil fédéral (gouvernement) y est opposé refusant de renégocier les 7 accords, traitant du service militaire, avec ses voisins. Surtout que seul le nombre de conscrits « perdus » en France a une influence sur les effectifs de l’armée helvétique, a indiqué le ministre de la défense Martin Pfister. En moyenne, au cours des dix dernières années, 731 personnes concernées n’ont pas été incorporées par an en Suisse. Le Conseil fédéral voudrait limiter la disposition aux Français. D’ailleurs, le gouvernement s’est dit disposé à entamer des négociations avec la France. Nous ne manquerons pas de suivre le parcours législatif de cette disposition en donnant la parole au député des Français de Suisse.
source : https://lesfrancais.press/les-franco-suisses-et-service-militaire/
auteur : Loic Pautou
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