Bisbille entre la France et Genève sur le covoiturage à Bardonnex

La France voisine souhaite qu’une voie spécifique soit créée au plus vite. Mais côté Suisse, on estime que c’est irréalisable avant 2028.

En bref:

  • La France voisine accuse la Confédération de ralentir un projet de covoiturage.
  • Les autorités cantonales et fédérales relativisent
  • Des aménagements sont aussi à l’étude pour Ferney et Meyrin.

C’est un des grands combats des autorités composant le Grand Genève: généraliser la pratique du covoiturage. Pour Genève et la France voisine, cela représente une des solutions face aux bouchons qui encombrent les autoroutes et les douanes aux heures de pointe. Sauf que les mesures tardent à prendre forme.

À la douane de Bardonnex, la création d’une voie réservée aux véhicules pratiquant le covoiturage n’est pas prévue avant 2028. De quoi énerver Christian Dupessey, le président du Pôle métropolitain du Genevois français. «Ce délai n’est pas acceptable. Il y a une demande très forte en ce sens», confiait-il au «Messager» la semaine passée. Selon lui, la Confédération serait responsable de ce délai car cela «coince au niveau de la douane suisse».

Une situation d’autant plus incompréhensible pour lui vu l’existence d’une voie réservée au covoiturage à la douane de Thônex-Vallard. Il ne comprend donc pas ce qui pose tant de problèmes du côté de Bardonnex.

Différence de trafic

Contacté, le porte-parole de l’Office fédéral des routes (OFROU), Olivier Floc’Hic, explique qu’«il faut le temps pour la réalisation de ce projet, afin de prévoir les aménagements nécessaires pour la mise en œuvre d’une voie de covoiturage.» Cela nécessitera de réaménager le secteur d’approche de la douane, créer des infrastructures côté suisse et mettre en place un système de gestion dynamique du trafic. La Confédération n’estime donc pas une mise en service possible avant quatre ans.

Pourquoi une telle voie existe-t-elle alors à Thônex? «Il s’agit d’une douane qui se situe sur une route cantonale, c’est-à-dire avec moins de trafic. Les enjeux sont moins importants que sur la route nationale, tant en termes de charges de trafic que de complexité du contrôle», répond-il.

Côté genevois, le discours est sensiblement le même. «L’horizon 2028 peut paraître lointain, admet Marc-André Siegrist, porte-parole du Département de la santé et des mobilités (DSM). Cependant, il s’agit d’une temporalité relativement rapide s’agissant d’un projet d’infrastructure routière, qui plus est, transfrontalier, nécessitant la contribution d’offices fédéraux suisses et nationaux français.»

Selon lui, le déploiement de cet aménagement a déjà été grandement accéléré grâce à l’OFROU. En effet, l’Office a décidé de poursuivre les études préparatoires sans passer par l’établissement d’un projet définitif et une mise à l’enquête.

Aménagements prévus à Meyrin

Il rappelle que les actions du Canton en faveur du covoiturage ne s’arrêtent pas aux douanes de Vallard et de Bardonnex. Le DSM étudie aussi l’installation de voies de covoiturage à Ferney et Meyrin. Enfin, le Canton soutient le développement d’un système de mise en relation de covoitureurs inspiré du système français Hé!Léman.

Des réponses qui ne satisfont pas Christian Dupessey: «Je ne comprends pas pourquoi c’est aussi difficile d’installer une voie, juste lors des heures de pointe, soupire-t-il. Le Pôle métropolitain et le Canton sont pourtant d’accord sur l’importance du covoiturage!» Il rappelle que les départements français voisins consentent à des efforts pour réduire la circulation sur les petites douanes. «En retour les autorités suisses devraient faciliter la circulation sur les plus grandes. Sinon, il n’y a que la France qui subira les externalités négatives du trafic.»

source : https://www.tdg.ch/mobilite-bisbille-sur-le-covoiturage-a-bardonnex-712230851852
auteur : Emilien Ghidoni