Retraite/AVS : le Conseil des Etats rejette deux initiatives contradictoires

Comme attendu, la chambre des cantons balaye le texte des Jeunes PLR pour un relèvement de l’âge de la retraite à 66 ans ainsi que celui de l’USS pour une 13e rentes.

Le Conseil des Etats a rejeté mercredi deux initiatives populaires sur l’AVS: d’une part celle de l’Union syndicale suisse pour une 13e rente; d’autre part, celle des Jeunes PLR pour lier l’âge de la retraite à l’espérance de vie. Finances fédérales et mauvais timing en ont eu raison.

La première intitulée «Mieux vivre à la retraite» a été lancée par les syndicats ainsi que des organisations féminines et de retraités. Le texte demande le versement d’une rente de vieillesse supplémentaire, du même montant que la rente AVS perçue chaque mois. Cela correspond à une hausse mensuelle des rentes de 8,33%.

Une augmentation de la rente n’est financièrement pas soutenable et aggraverait les problèmes de l’AVS à long terme, a souligné Peter Hegglin (Centre/ZG) pour la commission. Et de préciser que si l’initiative était acceptée, les dépenses supplémentaires pour l’AVS atteindraient 5 milliards de francs en 2032.

La gauche a tenté en vain de défendre le texte. Les rentes AVS ne sont pas suffisantes actuellement. Quelque 200’000 personnes âgées peuvent à peine vivre de l’AVS et sont affectées par la pauvreté. C’est indigne de notre système social, a souligné Maya Graf (Vert-e-s/BL). En vain.

Les sénateurs ont dit non par 28 voix contre 10. Le National avait déjà recommandé son rejet par 123 voix contre 67.

NON À LA RETRAITE À 66 ANS

L’autre initiative «Pour une prévoyance vieillesse sûre et pérenne», issue des Jeunes PLR, va dans un sens diamétralement opposé. Le texte prévoit de relever l’âge de la retraite AVS à 66 ans pour tout le monde. Une fois cette étape atteinte, la hausse serait liée à l’espérance de vie. La retraite à 67 ans interviendrait dès 2043.

Les sénateurs l’ont rejetée par 30 voix contre 11. Le PLR s’est retrouvé seul pour soutenir le projet. Selon lui, le premier pilier doit être urgemment assaini à long terme. «Aujourd’hui, on va dans le mur. Je ne suis pas prêt à laisser un désastre pour les générations futures», a lancé Josef Dittli (PLR/UR).

«L’initiative vise à objectiver le problème de l’âge de la retraite», a soutenu Philippe Bauer (PLR/NE). L’espérance de vie est un argument souvent invoqué, on doit en tenir compte, estime le Neuchâtelois.

Mais l’initiative tombe mal, de l’avis de plusieurs autres élus. Elle survient quelques mois après le vote remporté de justesse sur le relèvement de l’âge de la retraite des femmes à 65 ans. Cette réforme n’est pas encore entrée en vigueur, a rappelé Alex Kuprecht (UDC/SZ).

La gauche a aussi critiqué le projet. L’espérance de vie n’est pas la même pour tout le monde et partout. Il crée en outre un automatisme rigide entre espérance de vie et âge de la retraite qui n’a pas sa place dans la Constitution, a relevé le rapporteur de commission Pirmin Bischof (Centre/SO).

UN CONTRE-PROJET?

Beaucoup ont rappelé que des travaux sont déjà en cours pour une réforme à long terme. Le Conseil fédéral doit en effet soumettre d’ici fin 2026 un projet de stabilisation de l’AVS pour la période de 2030 à 2040. Dans ce contexte, la hausse de l’âge de la retraite au-delà de 65 ans sera étudiée autant dans le 1er que le 2e pilier.

Le National doit encore se prononcer. Reste à voir s’il décide d’élaborer un contre-projet, un souhait émis par plusieurs conseillers aux Etats PLR.

 

source : https://www.allnews.ch/content/news/le-conseil-des-etats-dit-non-%C3%A0-la-retraite-%C3%A0-66-ans